L comme la première lettre de mon nom de famille. L comme l’aile du corbeau, dessin de Dürer, ou comme l’aile de l’archange Raphaël au poisson, miniature mongole. Une copie de cette enluminure m’a été offerte par ma mère qui l’avait peinte elle-même. L comme légèreté, non pas dans le sens d’insouciance, mais dans celui de délicatesse, d’envol, de fluidité, de souffle. Ce dont nous avons tous besoin dans cette période difficile.
COULEURS En opposition à tous ces vêtements noirs qui envahissent les rues, à ces décors gris qu’on voit partout, j’ai besoin de couleurs, j’ai besoin de m’entourer de couleurs. Je souhaite transmettre la vibration de la couleur.
TEXTURES Il me faut sentir la texture du support, la toile qui se gaufre, le papier qui se plisse, J’ai un rapport tactile à la peinture. j’aime peindre avec la couleur liquide, un élément qui représente la féminité et la vie.
Ces strates quasiment abstraites sont liquides, parfois en empâtement, selon les formes que j’utilise et l’acrylique me paraît adéquat. La toile de coton n’est pas tendue, ce qui permet au tissu, à force de passages de couleur, de se plisser, former des reliefs, la peinture s’accumulant sur les crêtes des plis, la couleur pouvant parfois former des taches. La peinture monte par couches de couleur qui finissent par gaufrer la toile ; ce que je retrouve dans mon travail avec le papier.
ÉNERGIE
Dans la tradition, les peintres ont toujours utilisé des couches successives de peinture, on dit par exemple que le peintre espagnol Fransisco Herrera au XVII ème siècle passait des sous-couches rose argenté. La peinture me paraît résider là, dans ce geste d’étaler la couleur, dans ce refus d’une surface lisse et plate comme celle des écrans.
Pour moi, peindre, ce n’est pas que fabriquer des images, c’est faire vibrer la couleur et la lumière pour créer un espace d’énergie.